Outil et style du tatouage fait maison

Le style du tatouage fait maison peut être qualifié à juste titre de simplificateur, car les composants de base du tatouage fait maison des deux côtés de l'aiguille doivent être aussi primitifs que possible. Bien sûr, ce ne sera pas la condition nécessaire pour que le tatouage soit appelé "fait maison", c'est plutôt conditionnel et dépend des fournitures disponibles. Cependant, un exemple idéal de ce type de modification corporelle est réalisé avec une machine à tatouer construite à la main (Fisher 2014). L'attitude à l'égard de cet outil parmi les amateurs de tatouage fait maison est plutôt sérieuse, il existe des centaines de vidéos et d'articles sur Internet sur la façon de construire une machine à tatouer faite maison. On parle parfois de "machine à tatouer de prison" ou de "pistolet à tatouer de prison", ce qui est en partie vrai, bien que le tatouage ait été pratiqué dans la sphère criminelle pendant des siècles, et c'est pourquoi il n'est pas surprenant que la réinvention d'une machine à tatouer se soit produite en prison. Pour pouvoir tatouer derrière les barreaux, les "ink slingers" (argot carcéral pour tatoueur) (A Prisoner's Dictionary 2003) ont dû contourner l'interdiction de tatouer et concevoir des machines à partir des matériaux disponibles à portée de main. Dans la plupart des cas, ils utilisaient le moteur électrique d'un lecteur de cassettes comme entraînement pour la future machine, un stylo comme tube d'aiguille et une ficelle aiguisée en guise d'aiguille elle-même. Ce modèle a eu suffisamment de succès pour commencer à se répandre au-delà des institutions d'enfermement et, d'abord testé par des membres de gangs de rue d'un autre genre, il s'est retrouvé entre les mains de jeunes gens passionnés par le tatouage et ignorant, en théorie, comment s'y prendre.

En fait, le manque d'expérience est quelque chose qui est bien accueilli dans le tatouage artisanal contemporain (Anziperova 2012), pour ce point il pourrait exister plusieurs modèles parallèles d'explication. Tout d'abord, la recherche d'authenticité pourrait être le cas, les personnes souhaitant pratiquer cette forme de modification corporelle et acceptant le caractère spontané de celle-ci en termes d'équipement et de design, ce qui peut être vu comme une question "et si... ?" et le fait que le tatoueur possédera peu d'expérience ne fait que rendre cette question plus vive et le processus plus "primordial". La deuxième façon de voir cette exigence de tatouage maison non scénarisé est le jeu de rôle sur lequel les participants s'accordent tacitement, sans lequel la vision liminale du phénomène discutée ci-dessus sera impossible. La pratique du tatouage doit être quelque chose d'extraordinaire pour les deux participants afin de garantir la présence de l'excitation et de la mystification. Par conséquent, un tatouage fait à la maison par un tatoueur professionnel à une personne fortement tatouée aura peu de valeur symbolique par rapport au cas où un tatouage fait à la maison sera donné à une personne comme premier tatouage par quelqu'un qui ne possède même pas les compétences suffisantes en matière de dessin. En d'autres termes, si les rôles que les participants devront jouer dans le processus sont identiques ou similaires à ceux qu'ils jouent au quotidien, la composante liminale du processus ainsi que l'établissement de la connexion seront remis en question. De là découle un autre aspect très important du concept de tatouage fait maison - le design. Le design du tatouage fait maison est généralement simple, les formes cartoonesques de base, les lignes et les lettres sont généralement les plus populaires (Anziperova 2012). La plupart du temps, une seule couleur est utilisée, et les dégradés sont rarement visibles dans les tatouages faits maison. La simplification des motifs est due, de manière ambiguë, à la fois à la recherche d'une originalité primordiale et aux limites imposées par l'équipement et les compétences limitées du tatoueur.